NOUVELLE . ECOLE .
ARCHITECTURE
ECOLE . NOUVELLE .
ARCHITECTURE
ARCHITECTURE . NOUVELLE
. ECOLE
ECOLE . ARCHITECTURE .
NOUVELLE
ARCHITECTURE . ECOLE .
NOUVELLE
NOUVELLE . ARCHITECTURE
. ECOLE
Entre les mots « nouvelle », « école » et « architecture »,
on peut imaginer tous les préfixes, toutes les prépositions possibles : par,
pour, de, dans, à travers, entre, et, avec,… Je veux demander d’essayer d’ajouter ce genre de mots
entre ces mots « nouvelle », « école », « architecture » et de changer l’ordre
de ces trois mots tout le temps.
-Cet espace public n’est pas du tout un non-lieu ; c’est
le contraire d’un wasteland ou d’un terrain vague. C’est vraiment un lieu, un
endroit où on va, un espace qu’on n’oublie pas, qu’on garde en tête. Un espace
qu’on reconnait - reconnait de re-connaître. C’est-à-dire qu’on connait de
nouveau, qu’on semble avoir connu avant (quand on était petit et moins
socialisé), ou peut-être mieux encore, parce qu’il y avait déjà d’autres
personnes avant nous qui avaient bien connu cet endroit.
-Nouvelle : (1) Nom féminin : annonce d’un événement
qui s’est passé récemment, la nouvelle du jour, avoir des nouvelles, prendre
des nouvelles. « C’est une bonne nouvelle ». Synonymes : annonce, bruit, écho,
information, récit, roman, scoop. (2) Nom féminin : Dans la littérature : récit
bref qui réclame l’unité de la narration et l’unité de l’effet. (3) Adjectif :
qui vient d’apparaitre, qui est apparu depuis peu, qui est tel depuis peu de
temps, qui vient de se produire et diffère de ce que l'on connaissait
antérieurement, qui reflète des idées, des théories, des procédés nouveaux, qui
innove. Période de renouvellement complet des idées, des valeurs, des mœurs,
que l'on ne connaissait pas encore, que l'on vient de découvrir; dont on
n'avait pas l'habitude. Qui est autre.
- Apparemment on ne
l’a pas compris, on ne l’a pas senti, on ne l’a pas remarqué. Tout d’un coup,
la condition humaine a changé, et ça depuis la digitalisation. La
digitalisation n’est pas juste la « n-ième » révolution technique. Non. Je ne
trouve pas de mots qui seraient mieux adaptés : la digitalisation ecect fondamentalement
changé la condition humaine. C’est comme si tout d’un coup la gravité
n’existait plus. Depuis la digitalisation mondialisée et généralisée, la prison
universelle est installée. L’hyper-capitalisme a réussi à installer le rêve du
communisme stalinien : tout le monde contrôlé, tout le monde contrôleur. Pour
faire court, cela nous est tombé dessus en soixante-dix ans (du Z3 calculateur
électromécanique en 1941 jusqu’au smartphones - généralisés entre 2005 et
aujourd’hui. Une fois la condition digitale installée - et voulue par les prisonniers,
tout le monde est en permanence contrôlé ou du moins peut être contrôlé à
chaque moment. À partir de là, l’espace public n’existe plus.
-Nouvelle . Architecture . Ecole est surtout un lieu, un
lieu qui a continué d’exister après l’installation de la condition digitale,
qui veut exister après l’installation de la condition digitale. Pourtant, il
n’y a pas la moindre illusion qu’on puisse être capable de nier cette nouvelle
condition humaine : la condition humaine s’impose et on subit. La seule chose
qu’on puisse faire c’est de chercher à se confronter maximalement avec cette
nouvelle condition – de ne pas nier cette condition.
- Les écoles sont détestables, mais ce sont les écoles qui
permettent aux enfants de quitter la maison. Entre l’école et la maison, il y a
un chemin et un temps, là l’enfant est moins contrôlé: c’est ce chemin et ce
temps qui est important - le chemin et tout ce qui est à côté du chemin qui
mène de la maison à l’école.
-L’école est un espace physique, tridimensionnel, un lieu où
on peut aller. Le chemin entre la maison et l’école est un chemin d’errance.
L’enfant traine, il ne veut pas aller à l’école, il ne veut pas retourner à la
maison, il s’infiltre dans une maison abandonnée à côté du chemin.
-L’école est un espace tridimensionnel, physique, un lieu où
on peut aller. Sur ce chemin vers l’école, en errant vers l’école, on voit
d’autres endroits, des lieux où on s’arrête, où on reste. Et on sait que
d’autres enfants, d’autres jeunes, d’autres gens, sont passés là, avant nous.
Qu’ils se sont arrêtés au même endroit que nous. Ce plaisir est comparable au
plaisir qu’on peut ressentir au moment où on trouve un objet à son endroit. Ce
plaisir nous arrive seulement quand l’objet a trouvé une place évidente et
juste.
-Dans cette Architecture . Nouvelle . Ecole, on se balade,
on se promène. J’aime beaucoup cette forme des verbes promener et balader. En
Français, ces verbes sont pronominaux, pas en Anglais ou en Néerlandais. Là, on
dit : he walks, hij wandelt, en Français on dit il se ballade, il se promène.
La grammaire française confirme ce que je pensais. Ça dit : « Le verbe pronominal
a le sens réfléchi s'il marque que l'action se réfléchit sur le complément qui
représente le sujet ». Le sens réfléchi montre que la balade et la promenade
sont des actions existentielles.
-Dans Ecole . Architecture . Nouvelle on promène sa peine, peine
dans tous les sens du mot : punition, effort, chagrin, souci,… On se promène. Dans Ecole. Nouvelle.
Architecture, on ne se balade pas pour sortir le chien, pas pour prendre de
l’air. On se balade tout le temps, perpétuellement : pour aller chercher de l’eau,
pour aller chercher du bois, pour cueillir des champignons, pour cueillir des
framboises ou des mûres, pour ramasser les pommes sauvages, pour aller écouter
les chouettes, pour aller écouter la ligne à haute tension, pour aller voir
quelqu’un, pour ne plus voir personne, pour parler, pour aller, pour se taire.
En se baladant, on fait, on crée, on invente … ou non, il est plus approprié de
dire : on retrouve, on dé-couvre, on entretient les sentiers. Les sentiers de
l’école.
-Une école est une architecture vide. Nouvelle . Ecole .
Architecture est le degré zéro de l’architecture.
-Dans Architecture . Nouvelle . Ecole il n’y a pas de logos
– il n’y pas d’emballages.
-Ceux « qui sont là » – avant, on les aurait appelé «
étudiants » et « professeurs » - sont des mendiants. Du moins, ils ont cela en
commun.
-Dans cette école, on s’accompagne dans l’errance : le
compagnonnage de l’errance.
-L’école est sans mobilier. C’est-à-dire, il n’y a rien de
mobile : la table et les bancs sont trop lourds pour être déplacés, le plan de
travail a été fixé dans le mur. Les arbres, les roches : tout y est
architecture, est considéré comme architecture. -Il n’y a pas d’inscriptions,
pas de pancartes qui disent ou interdisent.
-Dans Nouvelle . Ecole . Architecture l’architecture est la
pédagogie.
-Nouvelle. Architecture . Ecole est entretenue par un janitor, personnage gris, ni professeur,
ni directeur, ni étudiant. Le janitor y développe une praxis : pratique, dirigée
et orientée par une réflexion, une théorie - la théorie et la réflexion proche
de l’intuition -, guidée par la pratique. Autrement dit : tracer en
réfléchissant sur ces traces. Entre vita contemplativa et vita activa.
-Dans l’Ecole . Nouvelle. Architecture, on se tait ; on
essaie de se taire, de ne pas parler. A l’époque, on aurait sans doute dit « de
ne pas bavarder ». Se taire : en français verbe pronominal ; sens
réfléchi.
-Fernand Deligny (1945, Graine de crapule) : « Et si au
lieu de leur apprendre à parler, nous apprenions à nous taire ? Quand on se met
du côté des délinquants, des fous, des lycéens, la justice, l'école, l'asile,
ont une drôle de gueule ; eh bien, de la même façon, quand on se met du côté
des mutiques, c'est le langage qui a une drôle de gueule ».
-Dans cette école, il n’y a pas de groupes d’étudiants, pas
de classes, même pas des couples, il y a des individus. Des « quelques-uns
».
-Dans cette école, on n’apprend pas un métier, on n’y
apprend pas la maîtrise. La maîtrise n’y est pas transmise, même pas l’amour
pour le matériel d’un artisan : on y fait de l’espace public. On y est dans
l’espace public, dans l’espace existentiel, de façon permanente. On ne peut pas
être expert de l’espace public. On s’expose, on se met à nu, on se montre,
vulnérable, le plus vulnérable possible. Le maître ne peut pas y démontrer son
amour pour le matériel. C’est seulement l’exposition de l’un à l’autre qui est
envisagée : les vulnérabilités y sont mises sur la table ; la table qui est
trop lourde pour être déplacée.
-Dans Nouvelle . Architecture . Ecole, on réfléchit avec les
mains sales et les habits sales. On avait oublié qu’il était possible de penser
avec les mains sales.
-L’école, la vraie école lie temps et espace. « Zum raum
wird hier die zeit », « ici le temps devient espace » (Gurnemanz, Parsifal,
Richard Wagner). Dans Ecole . Architecture . Nouvelle, le temps devient espace,
« Zum offentlichen raum wird hier die zeit ». Dans Nouvelle . Architecture .
Ecole, le temps devient espace public. Tout le temps consacré à cette école
devient espace public.
-Dans cette école, on fait de l’espace en traçant, en
laissant des traces. On ne fait pas des inventaires des mouvements de ceux qui
sont là, mais on fait, on construit l’espace en traçant. Les traces sont le
matériel de l’espace public.
-Il n’y a pas de confort dans Architecture . Ecole .
Nouvelle.
-Cette école est un espace public pour les étrangers, ceux
qui ne maîtrisent pas la langue, ceux qui ne sont pas intégrés, ceux qui sont
étranges, ceux qui se baladent dans le bois.
-L’école est sans destination.
-Cette école ne peut pas être habitée, elle ne peut pas être
une maison, ceux qui y viennent n’y sont jamais chez eux. Même le janitor n’y habite pas.
-L’école trouve sa place parmi nous : ce n’est pas un
endroit où nous nous trouvons, où nous pouvons nous toucher les uns les autres,
ce n’est pas un endroit où nous pouvons nous unir, un endroit où nous pourrions
devenir un mouvement ou une communauté. Nous n’avons rien en commun, mais il
existe un lieu commun entre nous.
-Cette école fait apparaître l’impossibilité de
rapprochements entre ceux qui y passent : entre eux se dresse l’architecture
(non seulement les bâtiments, mais l’espace fait et pensé). L’architecture
froide et abstraite. Entre ceux qui y passent, se dressent des rituels, des mots
et des gestes abstraits. Leurs aspirations réciproques remplissent l’espace.
Leurs aspirations remplissent le même espace, jaillissent dans le même espace,
mais sans jamais pouvoir être satisfaites. Dans Nouvelle . Ecole . Architecture
se répètent les mêmes rituels à l’infini. On n’y recherche pas l’originalité.
L’acte rituel ne peut pas être original, pas plus que le plan archétypique.
-Ecole . Architecture . Nouvelle est inconfortable, froide,
brute, inefficace, fatigante.
-Ecole . Nouvelle . Architecture est un espace sans but, qui
ne rapporte rien. Au contraire : Ecole . Nouvelle . Architecture est l’espace
de la perte.
-Architecture . Nouvelle . Ecole est un engagement
personnel. Ceux qui y viennent s’engagent personnellement. Elle n’est pas née
d’une initiative associative. On y est hors institution.
-L’espace d’Ecole . Nouvelle . Architecture est muet. Il ne
parle pas, n’a rien à dire, n’exprime rien.
Nouvelle . Architecture . Ecole est une architecture morte -
une autre architecture est-elle possible? Elle est seulement pur espace et
espace pur.
-L’école trouve sa place, a trouvé sa place. Un schéma
abstrait et connu qui a trouvé sa place, comme un marteau peut trouver sa
place.
-La situation pédagogique est la situation dans laquelle on
est confronté, plus que jamais, avec le désir de trouver un contact, le désir
de pouvoir se toucher avec la conscience, en même temps, que ce contact sera
toujours impossible. C’est cette situation qui est rendue explicite et
recherchée dans Ecole . Nouvelle. Architecture.
-Nouvelle . Architecture . Ecole est un espace pour des
êtres singuliers, qui n’appartiennent pas à un type ou à un peuple, qui ne
forment pas une communauté, qui savent qu’ils ne sont que des individus.
-Dans Nouvelle . Ecole . Architecture, l’étranger trouve sa
place.
-Architecture. Ecole . Nouvelle perpétue l’étrangeté.
-Nouvelle . Architecture . Ecole est un lieu public sans
programme. Le plan d’Ecole . Architecture . Nouvelle n’est pas du tout
original, ne peut pas être original.
-Par les fenêtres - coupées dans des murs ou coupées dans la
forêt, on peut voir le bleu du ciel.
-Les étrangers, les passants déambulent sur les sentiers,
qu’on pourrait appeler les « couloirs » de cette école.
-Cette école nous confronte avec notre étrangeté.
-Dans Architecture . Ecole . Nouvelle, pas de cours mais des
balades, des balades répétées, très souvent les mêmes balades.
-Dans Ecole . Nouvelle . Architecture, on parle
publiquement. Parler publiquement signifie : on se tait. Etre. Etre silencieux.
-Le diplôme d’ Architecture . Nouvelle . Ecole est
téléchargeable. On peut le télécharger avant de commencer les études. Il est à
signer par celui qui se considère comme étudiant, évidemment pas par le professeur,
ni par la direction, ni par l’administration. Il n’y en a d’ailleurs pas. C’est
important que le diplôme soit accessible à tout le monde : de cette façon, le
diplôme ne vaut rien, n’a aucune valeur économique. On se débarrasse, dès le
début, de ceux qui font des études comme des comptables.
-Dans Nouvelle . Ecole . Architecture, on parle par
l’espace, c’est-à-dire on voit de temps en temps que plusieurs personnes y
bougent d’une manière identique, qu’ils y font exactement les mêmes gestes.
-Nouvelle . Architecture . Ecole est avant tout un lieu, un
endroit qui s’est révélé après l’avènement de la condition digitale.
-L’architecture, c’est l’affirmation d’un espace. On affirme
un espace, un lieu déjà existant, par l’architecture.
-Parfois, l’architecture à Nouvelle . Ecole . Architecture
fait penser à des ruines spacieuses, des endroits où des gens sont revenus, pendant des
siècles. Des gens qui appartenaient à des cultures ou des religions très
différentes. Des gens avec des convictions qui n’avaient plus rien à voir avec
les convictions et les idées de ceux qui avaient aménagés ces endroits, de ceux
qui avaient vu et choisi ces endroits. Les bâtiments, mais encore bien plus la
terre, qui y est dure, battue par les pieds de ceux qu’y sont passés, l’herbe
souvent broutée par des animaux herbivores, presque toujours des chevaux. Ce
sont des lieux définis, des lieux érotiques, des lieux de tension, des lieux de
haute tension.
-Dans Architecture. Nouvelle . Ecole, il y a le moins
d’objets possible.
-Dans cette architecture on est tous étrangers. Il n’y a pas
d’objets qui peuvent nous donner l’impression - ou mieux dit, l’illusion -
d’être chez soi.
-Nouvelle. Ecole . Architecture est un refuge, offre une
protection pour être capable de supporter la confrontation et en même temps
renforce la confrontation.
-Nouvelle . Ecole . Architecture est un short story.
-Il n’y a pas de décoration à Architecture . Ecole.
Nouvelle, pas de moulures, pas de motifs, pas non plus une exposition de vieux
outils. Les quelques outils qu’on y trouve sont utilisés, servent et trouvent
leur place. C’est probablement le seul plaisir de la vie humaine que de trouver
un outil, la faux ou la serpe, au bon endroit.
-« Inter faeces et urinam nascimur » disait Saint Augustin :
on est né entre pisse et merde. Les toilettes sèches ont trouvé un endroit
éminent et évident à Nouvelle . Ecole . Architecture.
-Dans Nouvelle . Ecole . Architecture on entretien l’espace
: entretenir l’espace plutôt que le créer. On dé-couvre l’espace qui a été
négligé depuis des décennies.
-Dans Nouvelle . Ecole . Architecture on fait de la place ;
c’est-à-dire on laisse de la place. L’individu se retire pour laisser de la
place. Il essaie de ne pas prendre de la place, il évite de remplir l’espace
avec des objets qui lui appartiennent, il évite de privatiser l’espace.
L’espace vidé d’objets personnels est accueillant.
-Le travail y est répétitif et éternel, le travail qu’on ne
peut photographier.
-Dans Architecture . Nouvelle . Ecole les mains sales ont laissé
leurs empreintes. Les mains sales de différentes personnes ont été posées au
même endroit. Elles ont laissé leurs traces, se sont jumelées pour devenir une
tache commune, une trace commune, une tache qui indique et explique l’usage de
la porte, de l’espace. Sans rien dire, plusieurs personnes ont touché le même
endroit.
-La honte et la culpabilité sont les sentiments qui résument
la relation entre l’homme et la société. Ils se reflètent et sont intériorisés
dans Architecture . Nouvelle . Ecole.
-Les produits que l’on achète pour la survie sont transvasés
dans des containeurs. Il n’y a pas de logos dans cette architecture.
-L’architecture de Nouvelle . Ecole . Architecture n’est pas
flexible dans le vrai sens du mot. Ce sont des espaces définis. Définis par le
temps, surtout. Un endroit pour un objet : un crochet pour accrocher la scie et
rien d’autre. Un espace pour une action : la cuisine pour cuisiner et rien
d’autre.
-Architecture est l’art de se taire - de nouveau un verbe
pronominal - le sens réfléchi . Architecture est le langage du silence. Le
langage de ceux qui se taisent, de ceux qui peuvent être avec (très) peu de
choses.
-Dans la Nouvelle . Ecole . Architecture, on parle par
l’espace, en étant au même moment dans le même espace : des individus séparés,
dans le même espace, au même moment.
-Dans cette architecture, on fait de la place en se
baladant, en travaillant silencieusement. Ce qui veut dire en parlant publiquement.
Quand on se tait, on peut entendre la montagne, la ligne à haute tension,
l’avion, la cascade, la buse, le monde.
-Fukuoka: «Je peux bien parler d’action non-intentionnelle
et non-méthodique, mais évidemment, il y a une sagesse qui se développe dans le
temps, durant la vie quotidienne ».
-Dans cette architecture, il faut trouver les solutions
archétypiques. Laisser les choses se trouver leurs places : une étagère pour
les chaussures, seulement pour les chaussures, l’espace archétypique pour
manger, pour cuisiner, pour pendre les vestes. On a besoin de très peu d’objets
pour être capable de persister dans cet espace public. Les quelques objets dont
on a besoin doivent trouver leur place dans cet espace. Les objets trouvent
leur place spécifique : l’endroit pour le marteau n’est pas l’endroit pour les
chaussures. Cette architecture n’est pas unique, n’est pas originale, n’est pas
pensée par une personne et encore moins par un bureau. Cette architecture a
trouvé sa forme définitive par une connaissance de l’environnement à travers
les siècles.
-Dans l’espace archétypique, le temps non occupé, non
productif trouve (sa) place.
-On n’est pas chez soi, on ne se sont jamais chez soi dans
Architecture . Nouvelle . Ecole. On n’est pas à la maison dans Ecole . Nouvelle
. Architecture.
-Nouvelle. Architecture . Ecole est une continuation, un
prolongement de ce qui a toujours été, mais qui était souvent caché, caché par
l’activité humaine ou par la nature.
-L’architecte est absent dans Ecole. Architecture . Nouvelle
-Un homme bouge dans le paysage enneigé. Il est seul. En
bougeant dans la neige profonde, il fait une trace. Il trace, lentement. Sa
trace n’est jamais une ligne droite. Son corps sent et comprend, en même temps,
l’espace. Il incorpore le paysage, l’endroit, le lieu, l’espace. La gravité le dirige,
le force à tenir le point de gravité entre ses deux pieds. Ses pieds sentent le
terrain en pente. A chaque mouvement, les pieds semblent prendre des décisions
très rapides. Il est impossible de les reconstruire ou même de les comprendre.
L’homme veut évidemment que la distance entre l’endroit où il se trouve et
l’endroit où il veut aller soit la plus courte possible. Le corps veut qu’il
tienne le point de gravité entre ses deux pieds, pour qu’il ne glisse pas.
L’homme qui avance sur la pente enneigée laisse une trace. D’autres gens vont
suivre cette trace. Ces gens-là auront sans doute une physionomie complètement
différente. Ils vont néanmoins suivre la trace du premier. Nous traçons
exactement comme les animaux. Les traces sont ce qu’on a d’animal en nous.
Quand nos traces sont « bonnes », les animaux les « approuvent » en les
utilisant et en les renforçant. On va quelque part. Le lieu où on va attire la
trace. La trace crée le lieu. Nous traçons, nous suivons des traces, nous
lisons des traces. En traçant, en laissant des traces, on fait de l’espace
public. Tracer le terrain, tracer l’espace. Les traces sont le matériel de
l’espace public. Les traces sont le seul matériel de l’espace public, le seul
vrai matériel du vrai espace public. La forêt pourrait peut-être être une «
non-place », un non-lieu. Mais une forêt avec des sentiers et des éclaircies
est de l’espace, de l’espace fait par l’homme, première définition
d’architecture.
-Masanobu Fukuoka disait dans The one straw revolution : «
L’humanité ne sait rien du tout. Il n’y a pas de valeur intrinsèque et chaque
action est un effort sans sens et futile ». Il a certainement raison.
-Ces caractéristiques se sont installées dans Architecture .
Nouvelle . Ecole, elles y sont apparues. Elles n’étaient pas connues dès le
début, n’étaient pas conceptualisées avant de commencer avec Architecture .
Nouvelle . Ecole. Elles se sont installées, dirigées par le comportement et le
goût de ceux qui y viennent, par le terrain, par la géologie, par le paysage,
par le temps.